J’ai rencontré mon mari il y a 12 ans, nous avons deux petites filles. C’est environ 8 ans plus tard que j’ai croisé le mot Alexithymique. Il a immédiatement raisonné en moi. À la fois une chape de plomb et une respiration.
J’ai dû le croiser par hasard sur la toile, au détour d’une recherche, probablement sur les émotions. C’est à peu près à cette époque que je commençais à envisager une sexualité différente, accordant plus de place à la communication, à l’intimité, aux émotions et à la pleine présence.
Je me souviens du sentiment de soulagement immédiat, à pouvoir mettre un mot sur quelque chose qui jusqu’à là avait échappé à mes capacités de verbalisation et d’analyse.
Je me souviens aussi de ce chiffre, 10 à 15 % de la population. Nous devions donc être nombreux à ressentir le même désarroi.
Et puis c’est à peu près tout. Je n’ai pas oublié le mot, mais il me fallut encore 2 ans pour véritablement le sortir du tiroir, et le regarder en face.
J’en suis là, j’en suis à ce tournant, ce moment où on comprend qu’on ne changera pas l’autre. Ce moment où l’on sent qu’il faut renoncer pour pouvoir aller plus loin. Ce moment où on accepte de regarder la réalité en face. Ce moment où on voit toute la colère se transformer en une immense tristesse.