C’était le jour de notre rencontre. Peut-être la fois où il m’a le plus parlé de toute notre histoire. Mais évidemment je ne le savais pas.
Nous étions un petit groupe de copains, et de copains de copains. On sortait d’un concert et on descendait une bouteille de vin sur les bords de Seine. Ce soir-là je n’ai pratiquement pas parlé. Il a raconté en prenant le temps et avec beaucoup de détails une longue épopée : sa traversée de l’Atlantique dans un paquebot. Sa façon de raconter était particulière, il prenait le temps. Et il racontait tout. Sans aucun des filtres habituels d’une conversation entre inconnu, et surtout pas celui de plaire. Ce qui m’a probablement beaucoup plus. Avec le recul, je réalise que cette lenteur dans le récit, n’était pas un effet de style pour capter notre attention ou faire durer le suspense, mais simplement le temps dont il avait besoin pour trouver les mots.