Je pense avoir été confronté à l’Alexithymie pour la première fois, il y a une dizaine d’années avant ma rencontre avec Alex. J’avais une conversation très personnelle avec ma belle-sœur dont j’étais assez proche. Elle me parlait des difficultés que rencontrait son couple, c’était un peu avant leur séparation, elle était en plein désarroi. Bien sûr ni elle ni moi ne connaissions ce mot. Mais surtout je ne pense pas avoir vraiment compris ce qu’elle me disait.
Elle me parlait de mon frère, me disait qu’il ne la regardait jamais. Elle me disait qu’elle pouvait bien se faire belle, ou être complètement négligée, il ne réagirait pas. Il ne la complimenterait pas. Il ne la critiquerait pas non plus. Elle me disait que probablement il l’aimait, mais il l’aimait en bloc, sans pouvoir en extraire le moindre élément.
Moi je ne voyais pas ce qu’il pouvait bien y avoir d’aussi perturbant dans ce constat.
Elle me parlait de sa souffrance, de son impuissance à communiquer avec lui, je savais mon frère un peu réservé sur ses sentiments et je l’encourager naïvement à insister un peu, à trouver les mots qui le feraient réagir.
Ce dont elle m’a parlé cette nuit-là je l’ai compris dix ans plus tard. Lorsqu’à mon tour j’eus envie de plus d’intimité avec l’homme avec lequel je vivais. Et que je me suis cognée à une boîte noire.